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vendredi 17 juin 2016 à 19h

Sexe, race et pratique du pouvoir

A l'occasion de la réédition du livre de Colette Guillaumin "Sexe, race et pratique du pouvoir", rencontre avec Isabelle Clair et Sara Garbagnoli -

« La parenté de l'institution esclavagiste avec le sexage réside dans l'appropriation sans limites de la force de travail, c'est-à-dire de l'individualité matérielle elle-même. »
Sexe, race et pratique du pouvoir. L'idée de nature réunit un ensemble d'articles publiés par Colette Guillaumin entre 1977 et 1993.

Pour présenter ce livre essentiel, d'abord publié chez côté-femmes en 1992 et depuis longtemps épuisé, Brigitte Lhomond écrivait en 1993 dans la revue Multitudes :
« Une idée centrale structure le travail de Colette Guillaumin et unifie les articles présentés dans cet ouvrage, celle du lien inextricable entre les "formes matérielles" et les "formes mentales" que prennent les relations de domination (ces "deux faces de la même médaille"), lien entre la matérialité des rapports de pouvoir et la pensée de ceux-ci. Cette pensée, cette idéologie, celle du "sens commun" tout autant que celle des discours théoriques et scientifiques, exprime et justifie tout à la fois ces rapports. […]
Le concept d'appropriation est un élément essentiel apporté par Guillaumin à la théorie des rapports entre les sexes, où le corps même des individues dominées (et pas seulement leur travail) est l'objet de la mainmise, comme ce fut le cas dans le servage de l'Ancien Régime, l'esclavage de plantation, et dans ce que Guillaumin nomme, pour les femmes, le "sexage". Le sexage s'exprime dans l'"appropriation privée", ou le "propriétaire" est un homme particulier (comme dans l'institution du mariage), et dans l'"appropriation collective" quand l'usage du corps des femmes est disponible à l'ensemble du groupe des hommes. Usage qu'il serait faux de réduire à des dimensions exclusivement sexuelles. La prise en charge par les femmes - et elles seules ou presque - de l'entretien physique et moral, non seulement des hommes mais aussi des enfants, des malades, des vieillards, est un élément essentiel de l'usage qui est fait de leur corps. »

Sexe, race et pratique du pouvoir est publié aux éditions iXe.

Isabelle Clair est sociologue, chargée de recherche au CNRS, au sein du laboratoire Cresppa-GTM. Elle réalise des enquêtes ethnographiques sur la vie quotidienne de jeunes au moment de leur entrée dans la conjugalité, dans une perspective articulant les rapports sociaux, et notamment le genre et la classe sociale. Elle a publié Les jeunes et l'amour dans les cités (Armand Colin 2008), et Sociologie du genre (Armand Colin 2012).
Sara Garbagnoli est doctorante à l'Université de Paris 3. Sa recherche porte sur la croisade "anti-genre" telle qu'elle se déploie dans l'espace national italien. Avec Vincenza Perilli elle a co-dirigé Non si nasce donna un ouvrage consacré au féminisme matérialiste.

La rencontre sera animée par JULES FALQUET, Maîtresse de conférences en Sociologie à l'université de Jussieu-Paris Diderot (Paris 7). Elle est membre du Centre de sociologie des pratiques et des représentations politiques (CSPRP), co-responsable du Centre pour la documentation, la recherche et les études féministes (CEDREF) et responsable du Master-recherche "Genre et dévelopement"

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Lien : https://paris.demosphere.net/rv/48065
Source : http://www.violetteandco.com/librairie/spip.p...