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samedi 24 avril 2010 à 16h30

Rencontre avec Jean-Pierre Garnier

Jean-Pierre Garnie, auteur de Une violence éminemment contemporaine

16h30. Librairie Publico, 145 rue Amelot

http://www.librairie-publico.com/

Source : http://atheles.org/agone/agenda/index.html


Une violence éminemment contemporaine

Essais sur la ville, la petite-bourgeoisie intellectuelle et l'effacement des classes populaires

Jean-Pierre Garnier

  • Parution : 17/03/2010
  • ISBN : 978-2-7489-0104-7
  • 256 pages
  • 12 x 21 cm

Une violence éminemment contemporaine

Synthèse de quarante ans d'observation des réalités urbaines et d'analyse critique des discours dont elles font l'objet, ce recueil montre comment la gestion politique des villes nourrit les appétits économiques de la bourgeoisie désormais « mondialisée » et les aspirations culturelles des néo-petits bourgeois. D'un côté, des espaces « requalifiés » réservés aux gens de qualité, et de l'autre des couches populaires reléguées à la périphérie.

« Violences urbaines », « crise du logement », « relégation » et « gentrification » sont autant de symptômes dont le « traitement », de plus en plus sécuritaire, est voué à l'échec. Du moins tant qu'on se refusera à reconnaître la nature du conflit fondamental qui oppose les citadins ordinaires à ceux pour qui l'espace urbain est une source de profit, sinon de valorisation de leur capital culturel par la colonisation des quartiers populaires bien situés. Et tant qu'on voudra donner l'illusion qu'on peut réconcilier par magie les contraires au moyen d'arguties et d'innovations langagières, violence symbolique ne faisant que redoubler celle, bien réelle, qui s'exerce sur les dépossédés du droit à la ville, plus nombreux que jamais.

> English notice

> Voir la chronique de Jean-Pierre Garnier sur le blog Agone.

Chercheur et enseignant en sociologie urbaine, Jean-Pierre Garnier est l'auteur de plusieurs livres sur la politique urbaine (Des barbares dans la cité, Flammarion, 1997 ; Le Nouvel Ordre local, L'Harmattan, 2000) et l'involution politico-idéologique de l'intelligentsia de gauche française (La Pensée aveugle, avec Louis Janover, Spengler, 1995).

> Consultez l'agenda pour connaître nos rendez-vous (6 évenements)

Les nouveaux habitants qui ont entrepris de s'approprier certains secteurs urbains où vivait une population majoritairement composée d'ouvriers et d'employés appartiennent pour la plupart à une petite bourgeoisie intellectuelle très diplômée occupant des emplois hautement qualifiés dans la « nouvelle économie » fondée sur l'information, la communication et la création. Ses membres exercent leur activité professionnelle dans les médias et la publicité, mais peuvent être également artistes, psychanalystes ou enseignants du supérieur. Ce groupe très composite dispose d'un pouvoir d'achat élevé qui lui permet de consommer « autrement » que les « bourgeois » traditionnels, mais à des coûts tout aussi prohibitifs, que ce soit en matière d'habillement, d'alimentation, de loisirs, d'ameublement ou, bien sûr, de logement. Promues à longueur de pages « culturelles » par la presse de marché, les pseudo-transgressions et autres « œuvres dérangeantes » dont cette catégorie privilégiée fait son miel participent d'une autre forme de conformité conservatrice en phase avec l'esthétisation du mode de vie qui lui permet de se démarquer du commun. Cependant, aussi dispendieux soit-il, cet hédonisme consumériste n'autorise pas à classer ce groupe parmi la bourgeoisie proprement dite dans la mesure où ce n'est pas le niveau de revenus ou la quantité de patrimoine qui définit celle-ci, ni même son capital culturel, mais sa place dans les rapports sociaux de production : celle de classe dominante. À cet égard, l'appellation oxymorique et médiatique de « bobos » qui sert couramment à désigner les néo-petits bourgeois qui tiennent le haut du pavé dans les quartiers « gentrifiés » est doublement trompeuse.

Même si elle joue un rôle actif dans la reproduction des rapports de domination, la petite bourgeoisie intellectuelle, y compris pour ce qui concerne ses franges supérieures, ne fait donc pas partie de la classe dominante. Aussi influente soit-elle sur le plan idéologique, sa place et sa fonction demeurent celles d'une classe intermédiaire préposée aux tâches de médiation entre dirigeants et exécutants, dans le cadre de la division sociale du travail en régime capitaliste développé. Parmi ces tâches figurent celles de conception, dont s'acquittent, entre autres, les architectes, les autres relevant de l'organisation, du contrôle ou de l'inculcation idéologique.

Source : http://www.atheles.org/agone/contrefeux/unevi...

Lien : https://paris.demosphere.net/rv/12709