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jeudi 21 mai 2015 à 17h

Savoirs critiques et recherche publique :

sciences sociales et sciences expérimentales, pour quels usages?

Huitième séance du séminaire « Politiques des sciences »

Attention : changement de salle
Jeudi 21 mai 2015, 17-21 heures
EHESS, Salle 7, 105 Bd Raspail, Paris 6°

Tout en posant la question de l'insertion des savoirs critiques dans la recherche publique, on s'interrogera sur leurs attendus épistémologiques et sur leurs effets politiques. Contre le paradigme essentiellement utilitariste et productiviste qui domine les sciences expérimentales comme les sciences sociales, quels savoirs développer, comment et dans quelles perspectives, avec qui et pour qui ? Et dans les domaines particuliers où nous conduisons nos recherches, quelles relations éventuelles voyons-nous avec nos engagements associatifs et syndicaux ?

Nous recevrons :

17 h

Agnès LABROUSSE (économiste, Université de Picardie - Jules Verne, AFEP)
« Politiques des sciences et extinction du pluralisme en économie : quelles solutions institutionnelles face à une situation préoccupante ? »
La discipline économique connaît une extinction sans précédent des programmes de recherche ne se rattachant pas au mainstream. Le gouvernement des sciences par les instruments, tout particulièrement l'usage exclusif d'une liste hiérarchisée de revues pour évaluer les produits de la recherche, a été largement instrumentalisé pour évincer les courants pluriels de l'économie politique. Sur la base de ce diagnostic, l'Association française d'économie politique (AFEP), créée en 2009 et qui milite en faveur du pluralisme en économie, a proposé la création d'une nouvelle section du CNU "Économie et société" en complément de la section 05 "Sciences économiques". Ce projet avait été entériné par le ministère en décembre 2014 mais a été gelé à la suite de la levée de boucliers de quelques figures du mainstream comme Jean Tirole, qui ont ainsi réussi à imposer une conception moniste de la discipline et de ses canons de vérité. Aussi cette contribution souligne-t-elle l'importance cruciale - mais souvent ignorée - du pluralisme intradisciplinaire - en plus du pluralisme interdisciplinaire - comme condition fondamentale de la vie scientifique et démocratique. Pour le faire exister, des institutions disciplinaires intégrant la préservation de ce pluralisme aux politiques des sciences sont fondamentales. La discipline économique apparaît ici comme un cas extrême au sein des sciences sociales et s'avère par-là même très éclairante sur les enjeux de fond des politiques des sciences.

Janine GUESPIN-MICHEL (microbiologiste, Université de Rouen, Espaces Marx)
« La révolution du complexe : rôle et obstacles »
La révolution du complexe concerne toutes les disciplines scientifiques (de la physique aux sciences humaines et sociales) et transforme la rationalité. Elle est au cœur des contradictions épistémologiques, idéologiques, économiques et politiques de notre époque.

Claude CALAME (historien, EHESS Paris, ATTAC et LDH)
« Pour une anthropologie sociale et culturelle impliquée : quelles actions sociales ? »
Une science sociale critique ? Parmi les SHS sans doute l'anthropologie (culturelle et sociale) est-elle par principe susceptible de faire interagir les savoirs sur l'homme et ses communautés dans un enrichissement mutuel et critique ; l'anthropologie est en effet par principe comparative. De plus, par la comparaison même dans l'approche d'autres cultures, elle nous invite à porter un regard critique sur le paradigme social et anthropologique dont nous dépendons pour nous porter à l'action tout en remettant en question les insitutions qui permettent le développement des SHS.

PAUSE
19 h

Catherine BOURGAIN (généticienne, INSERM, Fondation Sciences citoyennes)
« Qui pose les questions de recherche, et comment ? Une interrogation au cœur des sciences citoyennes »
La Fondation Sciences Citoyennes s'est constituée avec l'objectif de soutenir la réappropriation démocratique de la science pour la mettre au service du bien commun, appelant à soutenir le tiers-secteurs scientifique, à stimuler la liberté d'expression dans la recherche et à promouvoir l'élaboration démocratique des choix scientifiques et techniques. À de multiples égards, les dispositifs proposés mettent au centre de leur démarche une interrogation : qui pose les questions de recherche et comment ? En parlant de recherche participative et de convention de citoyens, nous illustrerons ce que cette interrogation met en mouvement et discuterons de façon critique la portée de ces approches.

Julien RIVOIRE (sciences sociales, Université de Paris 13, FSU)
« La co-construction d'un savoir "expert" au service des luttes est-elle possible ? À quelle(s) condition(s) ? Au service de quel(s) projet(s) de société ? »
À partir d'un point de vue militant, inscrit dans des campagnes citoyennes (contre le marché transatlantique, mouvement pour une justice climatique…), il s'agira de discuter, à partir de ces expériences, des enjeux d'une réelle co-construction d'un savoir "expert", associant professionnels de la recherche et militants.

Willy PELLETIER (sociologue, Université de Picardie, Fondation Copernic)
« Critique de l'éducation populaire »
Depuis une quinzaine d'années et c'est une nouveauté, l'engagement des intellectuels se développe surtout dans le cadre d'entreprises d'éducation populaire, sous différents labels. Or celles-ci reproduisent par trop la division scolaire des rôles et des rapports enseignants-enseignés, en même temps qu'est réaffirmée là une position d'autorité des « savants » face à un « public » dévalorisé ou illégitimé dans ses connaissances propres. Pourquoi cette propension récente des intellectuels à ce type d'engagement, sur la période? Pourquoi si peu de remises en causes des inégalités reproduites? Pourquoi l'éducation populaire n'est-elle guère « émancipatrice »?

Modérateurs : Isabelle BRUNO (politiste, Université de Lille, SNESUP)
Claude CALAME (historien, EHESS Paris, ATTAC et LDH)

Lien : https://paris.demosphere.net/rv/39928
Source : message reçu sur Prep.Coord.Nat le 10 mai 21h