thème : international
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mercredi 3 février 2016 à 19h

Première réunion du Collectif contre la guerre

Pour l'arrêt immédiat des interventions militaires françaises !

(Texte paru dans Libération 29 novembre 2016)

Près de 200 personnes se sont retrouvées le vendredi 15 janvier à la Bourse du Travail de Paris, pour une première réunion anti-guerre. Organisée dans le prolongement de l'appel « A qui sert leur guerre ? », texte signé par plus 5700 personnes et invitant à l'organisation d'un véritable mouvement anti-guerre en France, cette première rencontre est apparue d'autant plus indispensable que la guerre est très largement invisibilisée par les médias, comme si ce n'était pas là un sujet, comme si l'Etat français pouvait agir en toute absence de transparence - et en toute impunité. On sait très peu de choses sur les frappes actuellement menées sous commandement français. Au sein d'une presse très silencieuse, on peut néanmoins piocher ici et là quelques bribes censées nous rassurer sur la « propreté » des bombardements français. Quant aux victimes civiles, elles continuent d'être assimilées aux tristement fameux « dommages collatéraux ». Or, d'après certaines ONG, au cours de l'année écoulée, ce sont quelque 4 000 victimes civiles qui ont été tuées par les bombardements censés viser Daech.

La France était en guerre bien avant les attentats du 13 novembre, lesquels ont largement servi de prétexte à intensifier ces engagements militaires. Les guerres de pillage n'ont pas manqué depuis le début des années 2000. Ces conflits doivent être désignés par leur nom : des guerres d'ingérence impérialiste. La France n'a aucun « rôle positif » dans ces interventions, malgré ses prétentions et ambitions puisées à l'ancien répertoire colonial. L'Etat français ferait bien de cesser de donner des leçons, quand la France est le troisième marchand d'armes mondial et quand elle vend à tour de bras ses Rafale, ses hélicoptères de combat et autres patrouilleurs à des régimes théocratiques et dictatoriaux comme l'Arabie saoudite - où des opposants viennent encore d'être exécutés dans le plus grand silence occidental.

Mais la guerre devient désormais un moyen de gouverner - et de gouverner par la peur. Il n'y a pas qu'en Turquie que le pouvoir réprime et traque, au nom de la guerre contre le terrorisme, celles et ceux qui s'opposent à lui, comme vient de le faire Erdogan en faisant arrêter, pourchasser et brimer des universitaires contestataires. En France, l'état de guerre désormais proclamé justifie la privation croissante des libertés et des mesures directement inspirées de l'extrême droite comme la déchéance de nationalité. L'état d'exception ouvert par ce gouvernement de guerre est en passe de devenir la règle. Cette situation, d'une extrême gravité, passe pourtant pour une évidence dans le discours politique dominant, comme s'il s'agissait de nous habituer à cet état martial et sécuritaire. Car cet état d'urgence permet de museler les colères et les luttes : cette guerre est aussi une guerre sociale.

Si nous constatons une très grande diversité de positionnements et sensibilités quant aux réponses à apporter sur le plan international, nous pouvons et devons en revanche être unis dans l'exigence d'un bilan sur les guerres menées depuis des années théoriquement « contre le terrorisme » et qui en réalité ne cessent de l'alimenter.

Il nous faut donc nous organiser, riposter par une résistance à la hauteur de ce que nous subissons, à la hauteur des guerres qui se mènent contre les populations, contre nous et en notre nom. C'est pourquoi nous avons décidé de lancer un collectif national anti-guerre, exigeant l'arrêt immédiat des bombardements, des interventions et des occupations. Ce collectif se déclinera en comités locaux, tout en étant attentif aux mobilisations internationales, telles qu'on a pu encore les voir en Espagne et en Grande-Bretagne tout récemment, et aux mouvements de résistance dans les pays directement touchés par les combats. Il sera actif dans la lutte contre ce que l'état de guerre et l'état d'urgence qui en découle infligent aux populations les plus touchées par le racisme et l'islamophobie, en particulier dans les quartiers populaires, aux sans-papiers et aux sans-logis, à celles et ceux qui subissent une situation de misère et de discrimination, et qui s'organisent. Il fera du soutien aux migrants l'une de ses priorités.

Nous participerons aux manifestations du 30 janvier pour la levée immédiate de l'état d'urgence.

Nous nous retrouverons pour une première réunion du collectif anti-guerre le mercredi 3 février à 19H à la Bourse du Travail (Paris, 3 rue du Château d'eau métro République).

Le collectif peut être joint à l'adresse antiexguerre16@gmail.cexom

Lien : https://paris.demosphere.net/rv/44766
Source : message reçu le 31 janvier 09h