thème : sexisme
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samedi 2 avril 2016 à 16h30

Concert « Les Femmes Compositeurs »

Concert de soutien à la librairie Publico.

Nous jouerons le 2 avril, entre autres, Elisabeth jacquet de la Guerre et Isabella Leonarda. Notre concert sera suivi d'un débat sur les femmes et la musique.

Pour Eveline Andréani

J'étais en cours. J'enseigne la musique ancienne au Conservatoire de Montargis depuis... longtemps. On frappe à ma porte et une dame s'exclame, à peine entrée : "Mais enfin, y a-t-il eu des femmes compositeurs ?"

Elle sortait d'un cours de solfège où l'on enseignait, péremptoire, aux étudiants la sempiternelle bêtise : il n'y jamais eu de femmes compositeurs !

Après coup, je suis heureux que cette personne ait pensé à moi pour cette proposition qui semblait la choquer. Je lui ai répondu, un peu abasourdi : "bah, bien sûr !" Et de lui citer le nom de toutes les compositrices qui me venaient en tête. Pas toutes car le "New Grove Dictionary of Women Composers" fait plus de 500 pages...

J'ai eu la chance d'avoir Eveline Andréani comme professeur d'harmonie. Elle est une des quatre femmes à avoir obtenu le Prix de Rome de Composition. Le compositeur français Hector Berlioz a concouru quatre fois pour ce prix, qu'il a fini par remporter en 1830. Durant mes études, j'avais rencontré beaucoup de femmes compositeurs (compositrices ?) pour le XXe siècle telles que Nadia Boulanger, si importante pour tant de musiciens. Mais c'est en tant que spécialiste de la musique ancienne que j'ai décidé, à la suite de ce moment un peu bizarre, de mettre autant que je pouvais des femmes compositrices au programme de mes concerts. Pour briser ce mythe. Sur mon site, chacun pourra le voir. Des années de pratique et de bien belles musiques. Combien de fois ai-je pleuré en jouant Barbara Strozzi ? Justement, j'ai demandé à ce qu'une des salles où j'enseigne porte son nom. Ce qui fut fait mais... Quel ne fut mon étonnement de voir le seul nom de Strozzi indiqué sur cette salle. L'habitude de ne voir que des noms masculins fait que l'on ne mentionne pas les prénoms. J'ai du insister auprès de mes collègues du secrétariat qui avaient agi de bonne foi pour que l'on lise "Barbara Strozzi". Une femme !

Y a-t-il une "ontologie" féminine, comme l'évoquait récemment un "philosophe populaire", qui explique qu'il n'y aurait pas de femmes compositeurs ? Un cerveau, ce ne sont que des neurones et des synapses. Que de cache-sexes pour masquer une bête évidence. Cette certitude bien faible ne découvre rien d'autre qu'une grande violence opérée sur la moitié de l'espèce. Mais le siècle le pire est bien le XIXe. Impossible de publier de la musique autrement que sous un nom masculin. Voir Clara Schumann. L'ancien régime, peu connu pour son respect de tous les êtres humains, était bien moins machiste (et raciste), même si cela étonne. Élisabeth Claude Jacquet naquit et mourut à Paris dans une famille qui comptait déjà plusieurs musiciens. Très douée (surdouée du clavecin en fait), Élisabeth se fit entendre dès l'âge de cinq ans à la Cour de Louis XIV. Il fit immédiatement en sorte de l'intégrer dans son entourage. Même roturière, qu'importe ! Si l'on retire les salamalecs coutumiers à l'époque, qui ne sont pas réservés aux seules femmes, on ne peut qu'être touché par le texte qu'elle adressa à Louis XIV vieux : "Quel bonheur pour moi, Sire, si mon dernier travail recevait encore de Votre Majesté ce glorieux accueil dont j'ai joui moi-même presque dès le berceau, car, Sire, permettez-moi de vous le rappeler, vous n'avez pas dédaigné mon enfance : vous preniez plaisir à voir naître un talent que je vous consacrais ; et vous m'honoriez même alors de vos louanges, dont je ne connaissais pas encore tout le prix..." Le roi si féroce, moins "macho" que beaucoup de nos démocrates d'aujourd'hui !

J'ai eu la chance de jouer cette musique magnifique, bien que parfois périlleuse...

Pour un concert de soutien à notre librairie Publico nous jouerons le 2 avril, entre autres, Elisabeth jacquet de la Guerre et Isabella Leonarda. Notre concert sera suivi d'un débat sur les femmes et la musique.

Christian, groupe Gaston Couté (poète féministe mort en 1911)

L'Ensemble Baroque de Montargis (créé en 1988 et dirigé par Christian Chandellier) a pour vocation de diffuser la musique ancienne au moyen d'une interprétation adéquate tenant compte des recherches les plus récentes.

L'Ensemble Baroque est une structure à formation variable selon les programmes envisagés. Cela peut aller de l'opéra (Didon et Enée en 1991) aux concertos de Vivaldi (Concerto pour Mandoline en 1999) en passant par les Cantates de Bach (en 2000), la musique italienne du XVIIème siècle (2001) ou Mozart (2003), la musique improvisée (2004).

L'Ensemble Baroque de Montargis se veut un laboratoire vivant pouvant accueillir de jeunes instrumentistes de haut niveau.

L'objectif de l'Ensemble est de proposer aux jeunes musiciens de jouer un répertoire inédit à l'occasion de concerts. Il leur donne le moyen de se former à tous les répertoires baroques des XVIIème et XVIIIème siècles...

La formation de l'Ensemble est variable mais il est toujours constitué au minimum d'une voix et d'un continuo auxquels s'ajoutent différents instruments selon les besoins de la musique jouée.
Par exemple pour le programme français (voix, flûte à bec et continuo) ou celui de Alessandro Scarlatti (violons, voix et continuo).

Lien : https://paris.demosphere.net/rv/46281
Source : message reçu le 30 mars 17h