Réagir (0)EnvoyeriCalPartager

jeudi 15 septembre 2016 à 20h30

Fuocoammare, par delà Lampedusa

Avant-1ère le jeudi 15 septembre organisée avec le Centre de Création Nil Obstrat, suivie d'une rencontre avec l'association SALAM Cergy et les participants au projet artistique « Rencontres de Boîtes » réalisé dans le cadre du festival Cergy Soit !

Fuocoammare, par dela Lampedusa

Gianfranco ROSI - Italie/France 2016 1h50mn VOSTF - Berlinale 2016 Ours d'Or, Prix du Jury Oecuménique, Prix Amnesty International, Prix du Jury du Berliner Morgenpost.

Déjà lauréat du Lion d'Or en 2013 pour Sacro Gra, son film précédent, Gianfranco Rosi a reçu cette année l'Ours d'Or de la dernière Berlinale avec ce film de création, remarquable pour son appréhension d'une tragédie humaine à l'échelle du siècle et de la planète, et l'invention d'une écriture cinématographique qui transcende les conventions du documentaire.

Gianfranco Rosi cherche à comprendre la situation sur et autour de l'île de Lampedusa, le point le plus au sud de l'Italie (et de l'Europe) devenue depuis les années 90 le lieu d'arrivée massive d'immigrés, avec des conséquences tragiques. Observant la vie des îliens, déconnectés du drame qui se trame à quelques kilomètres de la côte, Rosi a vécu pendant plus d'un an à Lampedusa. Remontant aux vingt dernières années, il s'est intéressé à plusieurs destins, d'habitants de l'île comme de migrants, et particulièrement sur le personnage de Samuele, douze ans, témoin comme les autres autochtones d'une des plus grandes tragédies de notre temps. Rosi filme aussi les équipes chargées de porter les premiers secours aux hommes, femmes et enfants rescapés de voyages fatals pour beaucoup d'autres, recueillant le témoignage bouleversant du médecin de l'île, incapable de s'habituer à ces vagues successives de mort et de souffrance. De ce travail d'immersion, seul derrière sa caméra, il a rapporté des images puissantes, dénuées de commentaire, auxquelles le cinéaste confère une dimension allégorique grâce à un montage audacieux, qui privilégie la réflexion à l'émotion immédiate.

« Mon film ne peut pas changer les choses, au sens où il est limité à l'interaction avec les quelques dizaines de milliers de personnes qui le verront, un chiffre qui restera dérisoire par rapport aux millions de personnes qui regardent les informations à la télévision. Et même si le président du Conseil italien, Matteo Renzi, a distribué le DVD du film à ses homologues européens, cela n'a pas empêché la signature de ce deal désastreux et honteux avec la Turquie sur les réfugiés syriens !

« Mais le film amène celui qui le regarde à un état intérieur bien plus fort que ce que peuvent susciter des informations sur un sujet similaire. Il y a une scène où une femme fait la cuisine, entend le nombre de morts en mer et s'exclame "pauvres gens", tout en continuant à vaquer à ses occupations. Les migrants qui meurent en mer sont souvent réduits à des chiffres qui ne disent pas grand chose de la réalité.

« Nous sommes donc les témoins d'une tragédie européenne qui est sans doute la plus grande depuis l'holocauste et, au lieu de créer un pont humanitaire pour ces gens qui continueront, quoi qu'il leur en coûte, à vouloir échapper aux guerres et aux désastres économiques, nous les laissons mourir en mer par dizaines de milliers. Face à cette indifférence, mon film veut créer une prise de conscience émotionnelle. Mais pour cela il ne suffit pas de montrer des images tragiques, mais d'amener le spectateur à saisir au plus profond de lui même ce qui nous arrive. Nous sommes tous, collectivement et individuellement, responsable de ces atrocités. » (Gianfranco Rosi)

FUOCOAMMARE, PAR DELA LAMPEDUSA

Lien : https://paris.demosphere.net/rv/49399
Source : http://www.cinemas-utopia.org/saintouen/index...