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vendredi 24 mars 2017 à 10h

Séminaire « Expériences de l'anticapitalisme »

Ontologies et épistémologies.

Institut interdisciplinaire d'anthropologie du contemporain

École des hautes études en sciences sociales

Séminaire de recherche organisé par Noël BARBE, chercheur au IIAC-LAHIC et Jean-Louis TORNATORE, professeur à l'Université de Bourgogne

2e et 4e vendredis du mois de 10 h à 12 h (salle 2, RdC, bât. Le France, 190-198 av de France 75013 Paris), du 25 novembre 2016 au 9 juin 2017. Pas de séance le 9 décembre 2016

Le séminaire poursuit, dans le prolongement de l'année précédente (2015-16), l'exploration du champ de recherche ouvert, à savoir l'analyse des expériences auto-encodées sous le registre de l'anticapitalisme et qui portent des projets de modernités alternatives à la modernité capitaliste.

Après une période de reflux - diversement qualifiée -, les années 1990, 2000, ainsi que la situation politique actuelle, voient se développer de nouvelles formes de la critique sociale et politique, des essais de refondation des théories critiques. Alors que Boltanski et Chiapello analysaient « l'esprit du capitalisme », comme ce qui « justifie l'engagement dans le capitalisme », le séminaire porte sur ce que seraient un ou des esprits de l'anticapitalisme

L'analyse est conduite à partir de quelques points de problématisation : l'encodage des formes à combattre, les manières d'accorder et d'articuler les temporalités, les modalités de la prise de décision politique et de la gestion des autorités, la construction de l'anticapitalisme comme expérience et comme légitimité., les espaces d'affrontement.

Programme

25 novembre 2016 :

Alain Brossat, « Des gestes plébéiens pour une autre politique »
Alain Brossat, philosophe, est l'auteur de nombreux ouvrages dont, récemment, Le plébéien enragé. Une contre-histoire de la modernité de Rousseau à Losey, Le passager clandestin 2013.

9 décembre 2016 :

pas de séance

13 janvier 2017 :

Enzo Traverso (professeur de sciences humaines à Cornell University, New York), « Mélancolie de gauche. La charge subversive du deuil révolutionnaire »
Pendant deux siècles, la culture de gauche - anarchiste, socialiste, communiste - impliquait une prescription mémorielle : elle voulait sélectionner le souvenir des expériences passées afin de les inscrire dans le futur. Il y a presque trente ans, la fin du socialisme réel a révélé une rupture dans cette dialectique entre passé et futur ; depuis, la fin des utopies engendrée par notre temporalité « présentiste » a presque éteint cette mémoire de gauche. La tension dialectique entre le passé comme « champ d'expérience » et le futur comme « horizon d'attente » (Koselleck) est devenue une sorte de « dialectique négative », mutilée. C'est dans ce contexte qu'une vision mélancolique de l'histoire comme remembrance des vaincus - une « tradition cachée » de la gauche - réapparaît à la surface. Son principal représentant est sans doute Walter Benjamin, mais elle inclut une vaste constellation d'auteurs, d'Auguste Blanqui à Rosa Luxemburg, de Lucien Goldmann à Daniel Bensaïd. Ses productions ne sont pas exclusivement textuelles mais aussi esthétiques, car elles trouvent une expression accomplie dans la peinture et le cinéma. Cette mélancolie de gauche n'est ni passive ni résignée ; elle tisse la trame d'un travail du deuil qui stimule la pensée critique et la refondation d'un projet émancipateur. C'est la condition nécessaire pour reconnaître les défaites subies sans pour autant se réconcilier avec l'ordre dominant.

27 janvier 2017 :

Pascal Nicolas Le Strat (professeur en sciences de l'éducation, université de Paris 8), « Le commun comme expérience oppositionnelle »
L'engagement pour le commun rouvre une espérance avec le refus de se laisser déposséder tant par une gestion étatique lourdement bureaucratisée, que par le fonctionnement arbitraire et inégalitaire du marché. Il s'efforce de défaire les logiques dominantes et, dans le même mouvement, il en expérimente de nouvelles. Il destitue et réinstitue. Il combat et instaure. Ses critiques sont systématiquement actées dans des alternatives mises en action. Commun est donc une notion à double détente ; elle signe une opposition aux institutions dominantes (le commun est oppositionnel ou ne l'est pas) et elle désigne de multiples expérimentations en quête d'alternatives et d'autonomie (Une réinstitution imaginaire de la société).

Pascal Nicolas Le Strat est sociologue, professeur à l'Université Paris 8 - Saint-Denis. Ses thèmes de recherche concernent les micropolitiques de création et de résistance et les formes d'expérimentation sociale et politique. Il vient de faire paraître "Le travail du commun", aux éditions du commun (Rennes). L'ensemble de ses travaux est proposé en libre accès sur son site www.le-commun.fr

10 février 2017 :

Julien Talpin (chargé de recherches au CNRS, CERAPS), « Les classes populaires fers de lance des luttes anti-capitalistes ? Le travail militant du community organizing en Californie »
Comment les luttes anticapitalistes peuvent-elles être menées par les premières victimes du capitalisme, à savoir les classes populaires et les salariés précarisés ? Alors que les mouvements sociaux anticapitalistes sont souvent l'œuvre de classes moyennes éduquées et politisées, le community organizing tente, en Californie, de faire des classes populaires les fers de lance de ces luttes. Cela passe par un travail de politisation des colères ordinaires, de « verticalisation » des injustices exprimées pour s'attaquer à leurs racines structurelles qui sont alors souvent renvoyées au « système capitaliste ». L'encodage de l'ennemi, relativement flou, ne semble pourtant pas s'articuler, dans ce cas, à la désignation précise d'un horizon alternatif à atteindre. Ces organisations mènent des campagnes spécifiques pour s'attaquer aux inégalités produites par le capitalisme : régulation des activités bancaires, lutte pour une fiscalité plus progressive, etc. Mais, en voulant obtenir des victoires « ici et maintenant », en arguant que les pauvres n'ont pas le temps d'attendre le grand soir, ces campagnes n'obtiennent que des concessions modérées et des réformes graduelles. Ces difficultés sont redoublées par le refus de tout horizon idéologique précis et la défense d'une forme de pragmatisme qui empêchent d'inscrire ces luttes dans un projet politique à long terme.
Julien Talpin est chargé de recherche en science politique au CNRS (CERAPS/Université de Lille). Ses recherches portent sur l'engagement dans les quartiers populaires en France et aux États-Unis. Il a récemment publié Community Organizing. De l'émeute à l'alliance des classes populaires (Raisons d'agir, 2016).

24 février 2017 :

Philippe Ngo & Capucine Truong, Sciences Po Paris "Enquêter à Nuit Debout"

10 mars 2017 :

Aurélie Trouvé, « Agriculture : critiques et alternatives au productivisme et au néolibéralisme »
Ces dix dernières années, l'emprise des marchés et de la finance s'est renforcée dans le secteur agricole. Une mainmise portée non pas par une vague entité qui plane au-dessus de nos têtes, mais une action portée par de grands détenteurs de capitaux. Cet « agrobusiness » fait des activités reliées à l'agriculture et l'alimentation des objets de profits financiers, au détriment de notre alimentation, de nos paysages et des ressources naturelles. Prendre conscience de cette brutalité faite au monde agricole est le premier pas pour construire des alternatives.
Aurélie Trouvé est ingénieur agronome, maître de conférences en économie et spécialiste des questions agricoles et alimentaires. Elle est porte-parole de l'association Attac. Elle a écrit notamment Le Business est dans le pré (Fayard, 2015).

24 mars 2017 :

Hadrien Delahousse (Transnational Institute of Social Ecology), « Murray Bookchin et le confédéralisme démocratique »
Le projet politique - tour à tour appelé « écologie sociale », « municipalisme libertaire » ou encore « confédéralisme démocratique » - développé par Murray Bookchin (1921-2006), penseur et militant anarchiste et écologiste américain peu connu en France, a pour particularité de proposer un chemin alternatif concret au capitalisme, au libéralisme économique et au déficit démocratique qui sont caractéristiques de nos sociétés. Inspiré à la fois par son expérience militante communiste puis écologiste, par l'étude d'institutions passées (l'anarchisme espagnol d'avant-guerre, les sections révolutionnaires parisiennes…) ou toujours vivantes (les town meetings - assemblées communales - de la Nouvelle-Angleterre) et par l'étude des faits sociaux caractéristiques de notre époque, il élabore un projet original et pratique de confédéralisme démocratique basé sur la démocratie directe, dans le cadre d'assemblées, à l'échelle communale.
Ce sont à la fois le cheminement de sa pensée, la nature de l'écologie sociale telle que proposée par Bookchin et son héritage politique dans les mouvements sociaux actuels de par le monde qui feront l'objet de cette intervention, avec comme fil d'Ariane l'excellent ouvrage biographique de Janet Biehl, Ecology or catastrophe - The Life of Murray Bookchin (Oxford University Press, 2015).

Hadrien Delahousse est membre du TRISE (Transnational Institute of Social Ecology) et éditeur du site Populaction.com.

28 avril 2017 :

Léo Coutellec, chargé de recherche, Espace éthique Ile de France et EA 1610 « Études sur les sciences et les techniques », Université Paris Sud. "La voie agri-culturelle. Ruptures et transitions pour sortir du productivisme agricole et de son monde"

12 mai 2017 :

Rémi Bénos, géographe, Université de Toulouse (INUC Albi) & Samuel Challéat, géographe, Laboratoire LISST-Dynamiques Rurales "Le pouvoir de la nuit. Nouveaux hygiénismes et capitalisme vert"

26 mai 2017 :

Sylvaine Bulle (CRESPPA-LabTop-Paris 8), Grammaires de l'anticapitalisme et des mouvements autonomes : La forme Zad et la forme occupation

9 juin 2017 :

à préciser

Lien : https://paris.demosphere.net/rv/51531
Source : https://enseignements-2016.ehess.fr/2016/ue/5...
Source : message reçu sur Prep.Coord.Nat le 24 novembre 15h
Source : message reçu sur Prep.Coord.Nat le 20 mars 12h