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samedi 10 décembre 2016 à 14h

2 parties : 1 2

« Vers un réseau intersyndical de lutte »

Contribution aux débats du 10 décembre du Collectif d'animation d'On bloque tout.

Le but de cette contribution est de dessiner les contours tangibles que pourrait prendre un réseau de syndicalistes de lutte né des suites de l'appel « On bloque tout ! ».

Force est de constater que la dynamique née autour de la lutte contre la loi « travail » et son monde est en très grande partie épuisée si l'on parle de mouvement d'ensemble. Pour autant, il en reste des traces au sein des équipes syndicales : on a vu fleurir de nombreuses grèves depuis le mois de septembre (poste, nettoyage, pompiers, santé, commerce, éducation prioritaire…) qui ne sont sans doute pas sans liens avec la combativité déployée dans les mois qui ont précédé. De même, la répression qui s'abat sur de nombreuses et nombreux syndicalistes est préoccupante. Au-delà, c'est tout un bilan qui reste à tirer dans nos structures sur les raisons qui n'ont pas permis de plus et mieux développer la grève.

Nous continuons de penser que pour continuer à échanger sur tout ça - et pour se préparer à des combats collectifs futurs - il serait vraiment dommageable que les liens (certes modestes) qui ont pu être tissés autour de l'appel « On bloque tout ! » s'évaporent dans les mois qui viennent au risque de devoir tout reprendre à zéro la fois suivante.

Voici une série de propositions concrètes :

Sur les objectifs à se donner :

1) Deux assemblées par an conçues comme des moments articulant formation et débats semble être un objectif réaliste pour commencer. Ces moments, sur une journée (par exemple en décembre et en mai), permettraient d'échanger régulièrement sur l'actualité sociale et en même temps d'avoir une réflexion sur nos pratiques communes, sur ce qui permet de mieux mobiliser les salarié.e.s, sur les obstacles rencontrés…

2) Entre les deux réunions un bulletin de débat intersyndical (donc deux par an également) pourrait être envoyé qui rassemblerait les contributions de militant.e.s comme de structures, en lien avec la réunion précédente ou anticipant la suivante.

Sur la forme du réseau :

3) il s'agirait de se constituer formellement en association loi 1901 à laquelle pourraient adhérer tant les syndicalistes à titre individuel que les structures en tant que telles. Dans la mesure du possible le réseau doit reposer sur la mise en place de collectifs locaux associant là aussi militant-es et structures. La constitution de cadres locaux est essentielle à l'existence d'un réseau implanté et dynamique.

4) Entre deux rendez-vous, un bureau, reconduit à chaque réunion prendrait en charge la réalisation du bulletin de débat et la préparation de la réunion suivante.

5) La mise sur pied d'une trésorerie (peut-être clairsemée au départ) pourra permettre de contribuer aux défraiements des rencontres organisées.

Sur le nom et la communication :

6) À défaut de meilleure idée (et on continue d'espérer en trouver une), et bien que celui-ci puisse paraître un peu « hors-sol », nous proposons de garder le nom « On bloque tout » pour le réseau.

7) Ce qui permet de conserver nos outils existants : site, page Facebook, newsletter qui permettent notamment de faire circuler régulièrement les informations (luttes en cours, solidarité financière…).

8) La trésorerie constituée par les adhésions permettrait aussi d'imprimer des autocollants, badges, drapeaux, banderoles… et autres éléments de visibilité.

9) Enfin, le réseau ne serait pas d'ordre « privé » et communiquera sur ses initiatives tant en direction des organisations syndicales que des médias.

Nous invitons les syndicalistes et les structures à se saisir de ces propositions en vue de la réunion du samedi 10 décembre prochain (Annexe Turbigo de la Bourse du Travail de Paris, 14h-18h).

Le Collectif d'animation d'On bloque tout !30 novembre 2016

Proposition d'Ordre du jour du 10 décembre :

  • 14h - 14h15 : accueil des participant.e.s
  • 14h15 - 14h30 : Présentation des participant.e.s, notamment des collectifs et des structures représentées.
  • 14h30 - 15h15 : Discussion sur l'actualité sociale et sur les enjeux pour le mouvement syndical.
  • 15h15 - 16h : Quelles initiatives pour le réseau ?
  • 16h - 17h : Quelle structuration pour le réseau ?

Lien : https://paris.demosphere.net/rv/51655
Source : http://onbloquetout.org/?p=670
Source : http://onbloquetout.org/?p=670


Loi travail, l'art et la manière de la contester

Contribution de la Fédération SUD Commerces et services pour la rencontre « On bloque tout ! » du 10 décembre

La loi El Khomri dite loi Travail a été promulguée en août dernier après un contrôle a minima du Conseil constitutionnel. Le gouvernement se félicite d'avoir depuis publié la moitié des près de 180 décrets, la loi étant d'application progressive1.

Une loi scélérate n'en devient pas une loi légitime pour autant : celle-ci reste rejetée par une majorité d'organisations syndicales au plan national, confirmée par le positionnement de la nouvelle direction de la CGC, et par 70 % de la population.

La constitution d'un réseau de syndicalistes de lutte issu de l'appel On Bloque Tout peut être utile pour contrecarrer l'application de cette dernière. En effet, c'est nous, syndicalistes de base, que ce soit dans nos structures locales (union locale ou départementale) et/ou professionnelles (syndicat de branche ou d'entreprise), qui allons être confrontés en premier lieu à des salarié-es isolés, non-syndiqués ou déjà organisés, en prise avec les multiples applications de la dite loi.

On trouvera ci-dessous les éléments d'une méthode, qui ne se veut pas exhaustive, que nous livrons à la discussion. Les réponses à apporter sont bien sûr fonction du contexte :

  • Là où aucun syndicat n'est implanté (et où l'employeur, par exemple, peut désormais décider des jours fériés chômés).
  • Si l'une de nos centrales l'est et, a fortiori, plusieurs d'entre elles le sont (ajoutons comme cas de figure, là où une organisation pro-loi Travail l'est en oubliant pas cependant que des équipes CFDT et UNSA sont opposées à tout ou partie de celle-ci).
  • Former :
    Pour Fernand Pelloutier, « Ce qu'il manque à l'ouvrier, c'est la science de son malheur. » Il importe que les militant-es et délégué-es se familiarisent sans attendre - et forment à leur tour leurs camarades - tant avec les dispositions de cette dernière2, que les critiques portées à son encontre et les revendications que nous y opposons.
  • Informer :
    La mise en place d'un bulletin d'échanges, évoqué lors de notre précédente réunion du 15 octobre dernier, constitue une priorité. Il doit intervenir au plus tard le mois prochain, la date du 1er janvier 2017 étant une date charnière pour l'application de la loi, à commencer par la refonte des mécanismes de la négociation collective.
  • Contester :
    Dès sa publication, de nombreux juristes ont pointé les éléments du texte qui contreviennent tant aux engagements internationaux de la France qu'à notre droit positif. Bien que le déplacement de la contestation du texte sur le seul terrain juridique n'ait pas notre faveur, il convient de se familiariser avecles différents recours qui s'offrent aux opposants à la loi :
  • Des recours au plan international3 ont déjà été initiés par la CGT et par FO, forts de leur implantation dans différentes instances supranationales telles que l'OIT. L'inconvénient est que de telles procédures durent plusieurs années et que, en cas d'issue positive, n'aboutissent qu'à une condamnation de principe du pays mis en cause, à faire valoir par la suite auprès du juge national.
  • Ils ne manqueront pas d'être introduits au plan national devant le Conseil d'Etat - et celui constitutionnel via le dépôt de Questions Prioritaires de Constitutionnalité (QPC)4 - à l'encontre des différents décrets d'application.
  • Les Prud'hommes constituent, en particulier pour nos syndicats de base, le moyen le plus probant d'ester en justice5 : par l'intermédiaire d'un défenseur syndical ou d'un avocat travailliste, on peut soulever, à l'occasion d'une instance, l'inconventionnalité6 et/ou l'inconstitutionnalité7 de telle ou telle disposition de la loi Travail jusqu'à monter, d'ici quelques années, devant la Cour de cassation.
  • Mobiliser :
    Le maître mot est de ne pas laisser seul les salarié-es et les équipes concernés face au rouleau compresseur de la loi El Khomri. Ayons par exemple l'audace de manifester devant l'entreprise concernée, y compris quand nous n'y sommes pas implantés, et, plus largement, dans le cadre des collectifs qui se sont constitués lors de la mobilisation.
  • Populariser :
    A travers l'utilisation de la presse régionale et des réseaux sociaux, on rend visible les résistances face à la loi pour conforter les travailleurs dans leurs refus et sensibiliser ceux des entreprises alentours, qui peuvent être victimes à leur tour du dumping social que contient cette loi, en matière de temps de travail comme de rémunération des heures supplémentaires.

En guise de conclusion, ces mois de mobilisation ont constitué un réveil de la combativité ouvrière et une expérience de lutte considérable8 a été emmagasinée, qui nous mettent mieux à même de faire face à la poursuite, voire à l'aggravation des politiques antisociales en question (référendum à l'initiative du patron, fin du monopole syndical). La meilleur réponse des travailleurs est la (re)construction de solidarités et la convergence des luttes, en faisant fi des étiquette et ce alors qu'une remontée de la conflictualité sociale9est à l'œuvre.

1 http://www.lesechos.fr/economie-france/social/0211532854367-loi-el-khomri-la-moitie-des-decrets-publiee- 2045998.php

2 La présentation des principaux articles par Solidaires : https://solidaires.org/6-mois-apres-la-loi-travail-Quatre-pages-Solidaires

3 L'argumentaire de la CGT : http://www.cgt.fr/Intervention-liminaire-de-la.html

4 Communiqué du Conseil constitutionnel : http://www.conseil-constitutionnel.fr/conseil-constitutionnel/francais/les-decisions/acces-par-date/decisions-depuis-1959/2016/2016-736-dc/communique-de-presse.147743.html

5 Au visa de l'article 55 de la Constitution.

6 Souvenons nous que le Contrat Nouvelle Embauche (CNE) a été juridiquement annulé suite à l'action d'une UL.

7 A cet égard, la contestation des articles 2 (inscription de la neutralité dans le règlement intérieur) et 67 (licenciement économique corrélé à la baisse du chiffre d'affaire et la taille de l'entreprise) nous semble adaptée.

8 De nombreux bilans de la lutte ont été rédigés ; parmi eux, celui de Solidaires qui a le mérite de la concision :https://www.solidaires.org/Loi-travail-une-lutte-qui-nous-rend-plus-fort-es-pour-demain

9 Voir à cet effet la page Facebook de Jacques Chastaing et son travail de dénombrement des conflits en cours :https://www.facebook.com/jacques.chastaing

Source : http://onbloquetout.org/?p=689