thème : travail
Réagir (0)EnvoyeriCalPartager

jeudi 4 mai 2017 à 20h30

Projection débat « Les saigneurs »

Séance unique le jeudi 4 mai à 20h30 à St-Ouen l'Aumône suivie d'une rencontre avec les réalisateurs Vincent Gaullier et Raphaël Girardot, et Geoffrey Le Guilcher, journaliste, auteur du livre événement Steak Machine.

Soirée organisée par les Amis de la Confédération Paysanne soutenue par le NPA 95 et le PG 95

Les saigneurs

Documentaire de Vincent Gaullier et Raphaël Girardot - France 2016 1h37mn

« Devant cette réalité, il est illusoire d'essayer de penser aux bêtes, la souffrance des hommes crie plus fort. » (Les réalisateurs)

« Les Saigneurs est un film rare car il montre sans détour ni sensationnalisme un monde rendu invisible, celui des abattoirs et des ouvriers qui y travaillent. » (Séverin Muller, sociologue du travail,Université Lille 1)

Généralement quand il est question d'abattoirs dans le feu des actualités, il s'agit de dénonciations légitimes de la souffrance animale à coups de vidéos chocs montrant les dérives d'un système agro-industriel conduisant à des actes de cruauté. Très souvent les hommes sont désignés comme coupables, dans le cas de l'abattoir cévenol du Vigan, les ouvriers sont même convoqués ces jours-ci devant le tribunal correctionnel. Les Saigneurs, immersion étourdissante dans le quotidien de l'abattoir breton de Vitré, apporte un contrepoint. Car il suit au plus près la journée de travail des hommes et des femmes qui contribuent dans l'indifférence générale à la nourriture quotidienne des omnivores que nous sommes majoritairement.

La première séquence commence par une séance étonnante d'échauffement, car le risque principal qui guette les ouvriers - risque qui augmente au fil des années -, ce sont les troubles musculo-squelettiques liés aux tâches répétitives et difficiles. Puis, dès 6 heures du matin, la chaîne se met en branle et son rythme est infernal, car ce sont 600 vaches ou 1400 ovins qui vont être découpés et abattus, un mouton passant toutes les trente secondes devant les couteaux des ouvriers. Ce qui frappe d'emblée et que rend parfaitement le film, c'est le bruit insoutenable qui règne : celui de la chaîne qui s'ébranle, des sirènes de sécurité qui se déclenchent dès qu'elle se bloque et cela arrive souvent, et aussi, comme personne n'arrive à communiquer dans ce chaos, le bruit des couteaux sur les poteaux métalliques qui permettent aux ouvriers de s'alerter entre eux, ceux-ci ayant appris à lire sur les lèvres. Les Saigneurs, c'est un témoignage saisissant de ce que peut être une pénibilité très souvent non reconnue. Dans ce métier qui brise les corps et fait se multiplier les arrêts maladies dès que l'âge avance un peu, où l'objectif de la plupart des ouvriers est de tenir coûte que coûte sans devenir inapte avant l'âge de la retraite, mais qui affecte aussi les esprits (car contrairement à ce que croient beaucoup de défenseurs des animaux, donner la mort ne laisse pas les ouvriers indemnes), chacun mène comme il peut sa journée rythmée par 9 minutes de pause toutes les trois heures, qui suffisent à peine à se nettoyer un minimum du sang accumulé.

Certains se demanderont pourquoi ces ouvriers n'abandonnent pas ce métier, autrefois correctement payé mais aujourd'hui à peine rémunéré au SMIC à l'embauche. Un ouvrier, le regard vague, explique qu'il a manqué d'ambition et les huit heures à l'abattoir laissent les hommes et les femmes tellement vidés qu'il est quasi impossible de se projeter dans un autre avenir. Sans compter l'impasse de l'emploi dans ces régions quasi exclusivement dévolues à l'agro-industrie. La routine continue donc… Magnifique hommage à une classe ouvrière de parias méprisés, Les Saigneurs est un antidote indispensable aux préjugés.

LES SAIGNEURS

Lien : https://paris.demosphere.net/rv/54731
Source : http://www.cinemas-utopia.org/saintouen/index...