thème : éducation
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mardi 27 mai 2008 à 14h30

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Academic Pride - La marche de tous les savoirs

 l'appel de SLR (Sauvons La recherche) et de plusieurs syndicats

A Paris , le départ aura lieu à 14h30 devant la Maison des Sciences de l’Homme (54 bd Raspail), parce que les sciences humaines et sociales, qui apportent un regard critique et distancié sur notre monde sont parmi les sciences les plus menacées.

Source : http://snesup-univ-savoie.fr/paradedesscience...
Source : liste réseau des bahuts, reçu le 12 mai


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Academic Pride - La marche de tous les savoirs

Appel national

Pour justifier les choix idéologiques qu’il impose à la recherche et à l’enseignement supérieur, au mépris des réformes proposées depuis plusieurs années par de très nombreux scientifiques, le gouvernement laisse penser que nos résultats seraient mauvais. A l’appui, il utilise diverses échelles de mesure comme le fameux classement de l’université de Shanghaï, alors même que le vice-président de cette université reconnaît que le classement « ne rend pas justice aux universités françaises ou allemandes car elles ont un système qui diffère complètement ». D’autres indicateurs, comme le nombre d’articles publiés par euro dépensé en R&D, placent la France loin devant les USA ou le Japon, mais sont délibérément oubliés. Le gouvernement peut ainsi justifier le remplacement des dynamiques de collaboration et d’engagement de long terme (qui sont fondamentalement nécessaires à la production de connaissances) par des mécanismes de concurrence privilégiant le court-terme et le pilotage gouvernemental : remplacement des crédits de base des laboratoires par des crédits sur projets courts, augmentation du nombre de jeunes chercheurs sur CDD sans création d’emplois stables (sans qu’aucune étude scientifique n’ait jamais démontré que la précarité jusqu’à 40 ans améliore la productivité des chercheurs), politique de primes au lieu des augmentations salariales (un chercheur débute à 1 700 euros nets par mois), probable augmentation en moyenne du service d’enseignement des enseignants-chercheurs, découpe des organismes de recherche en Instituts, etc...

Les chercheurs en ont assez que le Ministère leur assène ces contre-vérités qui témoignent d’une profonde méconnaissance de la logique scientifique et d’une volonté de contrôle par les politiques sur la communauté scientifique. Dans un contexte de pauvreté relative de la recherche par rapport à d’autres pays (que ce soit en terme de financements des laboratoires que des niveaux de salaires, et ce malgré l’augmentation du budget, totalement trustée par la création de l’ANR), ils sont fiers de leurs recherches, de leurs découvertes, des savoirs qu’ils ont produit, des plus discrètes jusqu’aux plus visibles, qui obtiennent des récompenses internationales (Médaille Fields en 2006 ou le prix Nobel en 2007) et qui consacrent le travail de très longue haleine mené par des équipes. Oui, notre valeur scientifique est reconnue comme en atteste, par exemple, l’attrait du CNRS qui recrute 22% d’étrangers parmi ses jeunes chercheurs.

Surtout, pour produire du savoir et le transmettre, ces métiers de la connaissance fonctionnent fondamentalement et historiquement sur d’autres valeurs qui sont bafouées par ce gouvernement actuel : indépendance du savoir par rapport aux différents pouvoirs (politique, économique...) et groupes de pression ; reconnaissance de la valeur propre du savoir en soi, de sa production et de sa transmission, au delà de toute utilité marchande ; supériorité de la coopération sur la concurrence pour la production de ce bien public qu’est le savoir scientifique (comme en témoignent les effets désastreux de la course aux brevets).

Le gouvernement actuel joue à « l’apprenti-sorcier » en cassant le système existant sans maîtriser toutes les conséquences à court et à long terme. Les différentes réformes présentées comme « techniques » que nous venons de vivre depuis trois ans (ANR, AERES, LRU), sans qu’un plan d’ensemble ait été clairement annoncé (bien qu’il soit facile à lire entre les lignes), nous amènent à vivre dans un climat d’incertitude profondément déstabilisant au quotidien pour les équipes de recherche, et particulièrement délétère pour les jeunes chercheurs et les doctorants qui renoncent de plus en plus à s’engager dans des carrières scientifiques.

Pour affirmer leur fierté des valeurs qui font nos métiers, et demander des réformes qui respectent leurs propositions des Etats-Généraux de Grenoble, construites il y a près de quatre ans, SLR appelle tous les personnels et les usagers de l’enseignement supérieur et de la recherche à marcher le 27 mai 2008 dans toutes les villes de France.

A Paris , le départ aura lieu à 14h30 devant la Maison des Sciences de l’Homme (54 bd Raspail), parce que les sciences humaines et sociales, qui apportent un regard critique et distancié sur notre monde sont parmi les sciences les plus menacées.

Nous nous dirigerons vers le ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche, d’où nous repartirons à reculons, pour dire combien les politiques actuellement menées sont régressives. Nous finirons notre marche à Jussieu, université emblématique de cette science fondamentale aujourd’hui menacée par un utilitarisme à courte vue.

Source : http://snesup-univ-savoie.fr/paradedesscience...


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Scientifiques, ouvrez les yeux !

Cette lettre s’adresse aux scientifiques français de toutes catégories, qu’ils soient enseignants-chercheurs, ingénieurs, techniciens, administratifs, chercheurs ou jeunes souhaitant exercer un métier de scientifique. Sans aucune concertation et au mépris des avis de la communauté le pouvoir a progressivement mis en place une série de pièces (ANR, Pacte sur la Recherche, AERES, LRU) prétextant une nécessaire modernisation de notre système d’enseignement supérieur et de recherche (ESR).

L’objectif réel de cette pseudo-modernisation consiste à mettre notre système d’ESR au service de l’économie - ce qui est la signification politique cachée de l’expression "économie de la connaissance" -, de limiter l’investissement public dans l’ESR (en cohérence avec l’obsession dominante et destructrice de réduire à tout prix les services publics) tout en contrôlant aussi étroitement que possible l’activité des scientifiques grâce à ces pièces progressivement mises en place, et en concentrant tous les pouvoirs de décision importants aux mains d’un groupe très restreint, très proche du pouvoir, nommé par celui-ci, au mépris des principes de collégialité qui prévalaient jusqu’alors. Ce pouvoir a agi avec une indéniable habileté, en masquant ses objectifs réels sous un discours lénifiant : "Ce que nous voulons c’est simplement clarifier les structures, moderniser le système d’ESR, rendre plus facile le travail des scientifiques, soutenir plus efficacement tous les types de recherche y compris la fondamentale, donner l’autonomie aux universités". Dormez braves gens, on vous roule dans la farine sans vous brutaliser.

Devant cette avalanche de décisions, de créations de nouvelles structures qui se surajoutent à celles existantes, une apparente incohérence de la politique suivie, beaucoup d’entre nous se sont sentis perdus, ne comprenant pas où tout cela nous mènerait. Beaucoup d’entre nous ont renoncé à essayer de comprendre vers où nous allions, seulement préoccupés de voir comment eux pourraient s’en sortir, trouver de l’argent pour vivre ou pour faire vivre une équipe ou un laboratoire, dans le maquis des nouvelles structures au fonctionnement opaque.

Scientifiques de tous statuts, réveillez-vous, on est en train de se moquer de vous, la coupe est pleine. Le CA du CNRS qui doit statuer sur la future organisation du CNRS aura lieu le 19 juin. Mais, sans attendre que cette instance légitime se soit réunie, la ministre de la recherche, Valérie Pécresse, vient de donner les conclusions : le CNRS sera découpé en 8 instituts, les sciences de la vie disparaitront, les SHS seront réduites aux secteurs jugés importants (utiles) par les décideurs ministériels.

Vous les chercheurs hors-statut, qui accumulez les CDDs, vous vous dites peut-être que cela ne vous concerne pas. Ce qui vous préoccupe, à juste titre, c’est de savoir quel contrat vous permettra de travailler dans un mois, dans un an. On peut fort bien comprendre que vous ayez les yeux rivés sur cet horizon proche et angoissant. Mais vous devez regarder plus loin. Si le gouvernement veut mettre tous les moyens financiers aux mains d’agences comme l’ANR ou les Instituts Inserm, en cassant les organismes de recherche existants, c’est parce pour lui, la recherche doit désormais se faire à plus bas coût, avec un très petit nombre de personnels statutaires bien payés, et une armée de CDDs mal payés. Les attaques contre le service public, la casse du CNRS, ce sont pour vous, à terme, des emplois statutaires qui disparaissent. Si vous en avez assez de n’avoir comme perspective que l’enchaînement des CDDs, et votre enchaînement à ce système, avec les autres scentifiques, dites : ça suffit !

Vous les ITA, vous représentez la mémoire des laboratoires, vous avez des savoir-faire précieux pour le travail scientifique, son apprentissage par les jeunes, le développement de nouveaux outils. Depuis des années, vous voyez le nombre de vos postes diminuer, vos carrières bloquées ; cette absence de perspective est cruellement démobilisatrice pour nombre d’entre vous. Les attaques contre le service public, la casse du CNRS, c’est la certitude que la situation va encore s’aggraver, pour vous.

Vous les jeunes récemment recrutés, vous avez vu dans l’ANR un instrument de libération de vos talents, la perspective de pouvoir développer vos propres projets en vous libérant de la tutelle de directeurs de laboratoires parfois mandarinaux. Dans ce contexte, pour vous, le CNRS peut bien mourir ? Avez-vous oublié que vous-même, pour décrocher votre poste, vous avez bénéficié d’un environnement porteur, de laboratoires structurés avec des moyens de travail (y compris pour des projets risqués qu’on vous laissait tenter), avec des équipes de chercheurs et d’ITA qui ont contribué à votre formation ? Tout cela risque d’exploser et vous pensez vraiment que cela serait sans conséquences pour vous ? Les attaques contre le service public, la casse du CNRS, si cela se fait vraiment, un pouvoir politique qui se moque ainsi des scientifiques vous en fera rapidement payer le prix, à vous aussi.

Vous les responsables de projet, d’équipe, de laboratoire, dans un contexte extrêmement difficile, vous vous êtes concentrés sur votre responsabilité première consistant à trouver des fonds pour pouvoir continuer à travailler. Vous avez donc tâché d’identifier les réseaux où se prennent les décisions, vous avez essayé de savoir avant les autres si un appel d’offre allait être lancé, et cela vous a beaucoup occupés. Et le sort des post-docs ou la découpe du CNRS vous sont apparus secondaires, d’autant plus que vous n’aviez pas de moyens évidents d’agir dessus. Certains d’entre vous ont même eu la naïveté politique étonnante d’écrire que le découpage du CNRS en instituts indépendants, ce pourrait être une bonne chose, pourvu que cela renforce la cohésion du CNRS, alors même qu’il n’était guère difficile de voir que l’objectif de ce découpage était sa destruction.

Vous, les enseignants-chercheurs, avec des moyens de travail réduits, avec l’obligation que vous avez de ne consacrer qu’une petite partie de votre temps à la recherche, vous vous sentez peu concernés par ce qui se passe au CNRS. Ce serait dommage de considérer que vos collègues du CNRS ont des problèmes de riches. La casse du CNRS, c’est la fin des UMR, c’est à dire la fin d’un système équilibré, sur deux jambes, avec un ancrage universitaire local, et un ancrage national et international par le CNRS. Dans les négociations que vous devrez nécessairement avoir avec les pouvoirs politique et économique, la fin du CNRS et des UMR vous affiblira considérablement, et l’autonomie des universités se réduira à une autonomie de gestion de ressources essentiellement contractuelles. Mais ne comptez pas sur l’autonomie pédagogique et scientifique : cela sera décidé au niveau du ministère et de l’ANR.

Vous, les scientifiques qui avez accepté des responsabilités à tous les niveaux dans le système ESR, des plus modestes aux plus importantes, vous êtes concernés aussi par le mépris avec lequel le pouvoir politique traite la communauté scientifique. Lorsque l’on voit que ceux qui nous gouvernent nous méprisent, nous avons la possibilité de dire que les bornes sont passées. La conclusion à en tirer est simple : on présente sa démission.

Tous ces problèmes quotidiens rencontrés par l’ensemble de notre communauté, apparemment différents, sont liés les uns aux autres. Vous êtes tous concernés par les attaques contre les services publics, par la casse du CNRS. Scientifiques, c’est le moment de dire : ça suffit. Les "réformes" en cours vont casser un système imparfait mais néanmoins reconnu au niveau international. Les universités n’y gagneront ni autonomie scientifique et pédagogique, ni possibilité d’ouvrir l’accès pour les catégories sociales défavorisées à un enseignement supérieur de qualité améliorée. La recherche sera progressivement stérilisée par son confinement à quelques secteurs jugés "utiles". L’indépendance des expertises scientifiques indispensables à la société sera de plus en plus un leurre. Nous qui pouvons prévoir ces risques, nous avons le devoir, vis-à-vis de la société, de tirer la sonnette d’alarme et de dire : ça suffit !

Le prochain rendez-vous pour le clamer, et dire que vous aimez le métier que vous faites déjà, ou auquel vous aspirez, ce prochain rendez-vous est le 27 mai, pour l’Academic Pride – la marche de tous les savoirs. Il y en aura d’autres ensuite. Scientifiques, ouvrez les yeux !

Source : http://www.sauvonslarecherche.fr/spip.php?art...

Lien : https://paris.demosphere.net/rv/5750