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jeudi 18 septembre 2008 à 19h

2 parties : 1 2

Soirée-débat avec Nicolas Jounin,

auteur de Chantier interdit au public, Enquête parmi les travailleurs du bâtiment (La découverte),
jeudi 18 septembre, 19h,
Union départementale 75 de Solidaires (144, boulevard de la Villette, Paris 19e).

Source : http://www.lcr-rouge.org/spip.php?article2225


Chantier interdit au public, enquête parmi les travailleurs du bâtiment

Rouge2249

Nicolas Jounin, La Découverte, 276 pages, 23 euros.

Jeune chercheur, Nicolas Jounin a travaillé plusieurs mois, dans le cadre d’une thèse en sociologie, sur les chantiers du bâtiment, comme stagiaire ou intérimaire. Les passionnantes observations tirées de cette expérience permettent de comprendre les règles particulières qui régissent ce secteur économique, de percevoir les diverses contradictions de classe, de « race », entre les salariés qui y travaillent, et de cerner précisément comment la précarité oriente de nouvelles normes de travail. Ce dernier aspect rompt notamment avec certaines représentations, empreintes de bonne volonté militante, mais fausses sur le terrain.

L’intérim permet aux employeurs de mettre en concurrence les travailleurs entre eux et de s’affranchir des règles du code du travail. Il génère de l’incertitude plus que de l’instabilité, car le travail ne manque pas dans le bâtiment : il s’agit d’atomiser et de discipliner les travailleurs. Les agences d’intérim sont de véritables prestataires de précarité. Les salariés les plus fragiles sont les plus recherchés : les travailleurs immigrés sont majoritaires dans l’intérim. L’État, qui fixe de façon répressive le régime de citoyenneté et attribue les titres de séjour, est l’acteur qui organise la sujétion de ces salariés. Ces conditions de travail entraînent des résistances implicites : travail ralenti pour faire durer le contrat, absentéisme, mauvaise volonté.

Dès lors, les employeurs tentent de fidéliser une partie des ouvriers, avec lesquels ils entretiennent une relation proche du paternalisme, car le lien personnel remplace le contrat. La loyauté et la bonne volonté exigées sont compensées par des gratifications et des protections. Même si beaucoup de ces salariés restent intérimaires, ils sont assurés d’être régulièrement repris sur les chantiers. Cette division des collectifs de travail s’appuie sur les discriminations liées aux origines ou à la nationalité. Elle ne débouche pas sur des états stables puisqu’un salarié peut passer très vite de l’un à l’autre.

Le secteur du bâtiment apparaît alors comme un laboratoire du libéralisme, dans lequel se dessine une « stabilité dans la précarité », que les gouvernants ont essayé d’étendre à l’ensemble du salariat par le biais du CNE et du CPE. Un ouvrage précieux, d’un point de vue militant aussi bien que scientifique.

Sylvain Pattieu

Source : http://orta.dynalias.org/archivesrouge/articl...

Lien : https://paris.demosphere.net/rv/6357