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vendredi 17 avril 2009 à 19h

3 parties : 1 2 3

'L'autre 8 mai 1945 : Aux origines de la guerre d'Algérie'',

 en tournée en France et en Algérie,

sera présenté le vendredi 17 avril 2009 à 19H00 au Centre Culturel Algérien

La projection sera suivie d'un débat en présence de la réalisatrice et des historiens Gille Manceron, auteur du livre "Marianne et les colonies", et Jean Pierre Reyroulou, auteur du livre "Guelma, 1945 une subversion française dans l'Algèrie coloniale.

Source : liste de diffusion Anticolonial, reçu le 12 avril 21h


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L’AUTRE 8 MAI 1945 – Aux origines de la guerre d’Algérie

Résumé du film :

Le 8 mai 1945 est une date clé pour l’histoire de France.

Chaque année, on célèbre la victoire sur l’Allemagne nazie. De l’autre côté de la Méditerranée en Algérie, ce jour de gloire est un jour de deuil. Dans la liesse de la victoire en 1945, des Algériens ont revendiqué leur volonté d’indépendance. Ils subiront durant plusieurs semaines une violente répression conduite par l’armée française. Elle fera des milliers de victimes.

Mais soixante ans plus tard, la répression du printemps 1945 en Algérie recèle encore de nombreuses zones d'ombres.

Yasmina Adi a retrouvé de nombreux documents inédits, des archives du gouvernement français et des services secrets anglais et américains. Elle est allée à la rencontre de ces hommes et ces femmes qui ont vécu et subi cette répression. Elle donne la parole aux témoins français, algériens, ainsi que le premier reporter arriver sur les lieux.

Cette enquête lève le voile sur les mécanismes et les conséquences de cette répression coloniale. Cet Autre 8 Mai 1945 est aux origines de la guerre d’Algérie.

Source : http://autre8mai1945-lefilm.com/


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L'AUTRE 8 MAI 1945

Le Canard enchainé

Jeudi 8 mai, fête de la Victoire. Les Alliés ont vaincu les nazis ce jour-là en 1945. En Algérie, de l’autre côté du bassin méditerranéen si cher à Sarkozy, qui demandait avec énergie en février 2005 que soit inclus dans les programmes scolaires "le rôle positif de la présence française en Afrique du Nord", c’est jour de deuil.

Alors que l’ONU balbutiante venait de proclamer le « droit des peuples à disposer d’eux-mêmes". Dans le Constantinois, des citadins rejoignirent nombreux Ferhat Abbas, pharmacien à Sétif, sous la bannière : "L’arabe est ma langue, l’Algérie mon pays, l’islam ma religion". Dans les campagnes, Messali Hadj, avec son Parti du peuple algérien, interdit depuis 1939, était le plus populaire. Mais à Paris, de Gaulle, à la tête du gouvernement provisoire, lançait : "Il ne faut pas que l’Afrique du Nord nous glisse entre les doigts pendant que nous libérons l’Europe".

A Sétif, le 8 mai 1945. La ville est pavoisée. Le PPA a inventé un drapeau qui servira de modèle pour celui de l’Algérie future. Les militants le mêlent à ceux des Alliés et à des écriteaux : "Libérez Messali Hadj !" Les autorités françaises voient rouge. A un carrefour, une voiture de la brigade mobile de la police judiciaire fonce. Quatre hommes armés en surgissent. Ils arrachent les drapeaux, tirent, abattent un jeune porte-étendard devant le Café de France. La fusillade éclate. Les manifestants s’enflamment et frappent tous les Français qu’ils voient : au hasard, le maire de Sétif, un juge de paix, le receveur des postes de Périgotville et son fils de 11 ans. C’est l’embrasement : 21 Européens sont massacrés. A 13 heures, la police et la gendarmerie ont repris le contrôle de la ville. Les émeutiers se sont enfuis dans le djebel, emportant morts et blessés : c’est le récit de la répression qui va suivre que nous raconte avec minutie Yasmina Adi, elle-même issue de parents nés dans le Constantinois, dans un documentaire minutieux (sur France 2 à 0h), étayé par de nombreux témoins et des archives des services secrets anglais et américains, la France ayant toujours manifesté quelques réticences sur ce sujet. L’Etat annonçait à l’époque 102 morts européens, dont certains sauvagement mutilés, et 1 500 Algériens tués. Officiellement, l’Algérie parle aujourd’hui de 45 000. Les spécialistes, eux, restent divisés : entre 15 000 et 30 000.

C’est le gouverneur Chataigneau qui décrète l’état de siège. Il donne pleins pouvoirs au général Henri Martin, patron de l’armée en Afrique du Nord pour "rétablir l’ordre d’urgence". La France coloniale ne lésine pas : 40 000 soldats. Les villages "rebelles" sont bombardés. La marine de guerre pilonne les côtes. Tire au jugé sur ceux qu’ils nommaient "ratons", "pinsons" ou "merles", arrestations massives. Certains demeurèrent 17 ans en prison jusqu’à l’indépendance de 1962, et pas un mot alors dans la presse française : on ignorait tout. Le premier journaliste à venir sur place "déterrer cette affaire que les Français essayaient de cacher" fut un Américain, Landrum Bolling. Un officier de renseignement anglais, écœuré, lui livre ses archives. Il n’a qu’à recopier.

Après le 11 mai, alors que l’émeute a depuis longtemps cessé, la répression se poursuit. A Guelma, le sous-préfet livre des camions bourrés de prisonniers à une mitrailleuse de 24, en position au milieu d’une route. Dans les gorges de Kerrata on en jette par grappes du haut des ponts, attachés par des barbelés.

Il faudra attendre le 18 pour que les journaux français réalisent enfin, provoquant la venue du ministre de l’Intérieur Adrien Tixier. A Guelma, on brûle les corps des exécutés dans des fours à chaux pour éliminer les preuves. Les massacres sont amnistiés au nom de la raison d’Etat. Nos alliés, en cette pré-guerre froide, ne font aucun raffut : il ne faut pas gêner la France. Et la général Duval, grand organisateur sur place des tueries, écrit à son supérieur Martin : "Je vous ai donné la paix pour dix ans. Si la France ne fait rien, tout recommencera en pire." Gagné. A quelques mois près.

B.Th.

Source : http://autre8mai1945-lefilm.com/presse.html

Lien : https://paris.demosphere.net/rv/8479